L'IDENTITÉ ARCHITECTURALE AUJOURD'HUI
EN PAYS BASQUE
 

ATLANTICA littéraire, n°32, septembre 1996.

L'identité régionale est un sujet de réflexion délicat qui nécessite quand
on veut l'aborder de définir ses termes au préalable. Identité vient du
latin idem, le même, ce qui fait q'une chose est de même nature q'une autre.
Une région est une étendue de pays qui doit son unité à des causes
physiques: le climat, la végétation, le relief, ou à des causes humaines: le
peuplement, l'économie, les structures politiques ou administratives.
L'architecture domestique, trés répandue sous forme de lotissement en
péripherie des villes aujourd'hui en Pays- basque se réfère au style
néo-basque qui consiste à reprendre l'image du modèle architectural qui
représente la ferme labourdine du dix-septième siècle.
Le style architectural néo-basque fut inventé au début du siècle pour une
société cosmopolite et fortunée qui venait le temps d'une villégiature sur
la côte-basque profiter de la douceur de son climat et des charmes de son
folklore. Dans le style néo-basque l'architecture est conçue pour l'image
esthétique qu'elle renvoie à la ville et au paysage, alors que les principes
fondateurs de l'architecture rurale basque répondent concrètement aux soucis
pratiques d'adaptation au climat, à la topographie et à l'économie rurale du
Pays-basque.
La société urbaine qui habite aujourd'hui le Pays-basque n'est plus la même
que celle qui a lancé le néo-basque. Elle évolue peu à peu, et
paradoxalement, les autochtones cherchent encore à habiter des maisons de
style néo-basque, bien qu'ils paraissent manifester le désir de participer à
un retour progressif aux sources de la langue, de la culture et de l'esprit
basque.
L'identité architecturale existe dans le consensus établi entre les
aspirations du maître d'ouvrage, l'inspiration et les connaissances de
l'architecte, et les attentes d'une société vivant au sein d'un territoire
régional. Seul un travail d'équipe et une étroite collaboration entre le
maître d'ouvrage, les artisans, les ingénieurs, les artistes, et
l'architecte, permet d'atteindre la création architecturale. Il appartient à
l'architecte de reconstruire dans un processus évolutif continu cette
identité architecturale sans la trahir, afin quelle ne soit pas galvaudée.
La libertée de création peut alors senvisager comme un devoir de création,
résultant d'un effort d'analyse de l'histoire et des traditions
architecturales, ainsi que de la volonté d'exprimer avec justesse notre
époque, ses techniques, ses matériaux, et ses modes de vie nouveaux.
C'est ainsi que nous devons parvenir à perpétuer l'esprit d'une tradition
architecturale plutôt que l'image figée, idéalisée et rassurante mais
aujourd'hui désuète d'une ancienne façon de faire l'architecture.
 

Robert Latour d'Affaure.

Extraits de la conférence donnée par Robert Latour d'Affaure le 22 mars
1995, à Biarritz, au cours de la semaine d'expression basque: "Bi hariz lau
xori", organisée par l'Institut Culturel Basque.

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