Cette combinaison de trois cubes tronqués se déploie comme une affirmation évidente et incongrue en même temps. Elle a l'air de découler d'une formule savante mais dictée par une sorte d'inspiration chahutée par un mélange des genres et des registres. Elle procède d'une drôle de rencontre qui évoque, d'une manière peut-être moins inatendue, celle du parapluie et de la machine à coudre sur la table de dissection. Mais convoquer, autour d'un peuplier, le Coup de Dés de Mallarmé, pour la conception de sanitaires publics, a aussi la qualité d'un téléscopage d'une surprenante brusquerie même si l'impertinence ici concerne d'abord un choix d'inscription dans un contexte urbain qui ressemble à un pari sur des formes ouvertes à des ruptures avec des solutions vouées à une stérile répétition. L'association démontre bien sûr une belle disposition à manier le coq à l'âne et à explorer cette frange de hasard et d'aléatoire dans les parages de l'ordre mais elle a aussi la prudence de rester sur le seuil de ce champ inconnu qu'elle laisse deviner. Elle se contente d'un simple rôle de déclencheur d'élans et d'échos, de relations et d'intervalles et pointe le clin d'oeil sans prétention qui s'envole en lumière comme la phrase démembrée de Mallarmé. La lumière donc avec ses caprices, ses errances et ses abandons, qui appelle les volumes, enregistre leurs disparition ou les pousse à éprouver leurs limites assignées. Trois cubes assemblés sans relation hiérarchique. Chacun participe à la cohésion de l'ensemble. Trois cubes imbriqués pour constituer un espace chaotique et précis, agencé et inondé par la lumière, qui revendique l'équilibre clair et insaisissable d'une sorte de cristallisation. Des matières brutes pour mettre à l'oeuvre diverses opérations de la lumière: la fragmentation avec la pierre de Cenia rugueuse et beige, la soumission avec le bois d'Okoumé fibreux rouge, l'insistance avec l'acier inoxydable lisse glacé et, à l'intérieur, la vibration avec la résine blanche.
Didier ARNAUDET
critique d'art et d'architecture.