"LE REPORTAGE D'ACTUALITE"

Une nuit, dans la chambre d'un hôtel déserté de Basorah, à la frontière entre l'Iran et l'Irak,en plein coeur de l'un des plus sanglants conflits de ce siècle, le photo-reporter Jacques Pavlosky a allumé sa télévision. Sur l'écran bleuté - cauchemar plastique (surréalisme, Boltanski, etc.) - des dizaines, des centaines de cadavres filmés un à un, sans commentaire. S'il fallait le dater, c'est sans doute ce jour, dans cette froide contemplation du désastre, que Jacques Pavlovsky comprit que l'ère du photo-journalisme était révolue. Sur la guerre, il n'était plus temps d'avoir un point de vue, seulement d'enregistrer ce que les militaires veulent bien vous montrer : ce charnier ou spectacle pyrotechnique. Eût-il une pensée pour ses amis Caron, Depardon, Riboud, et tant d'autres qui depuis Capa offraient leurs clichés à la mémoire du monde ? Oublierons-nous qu'une petite fille viet-cong atrocement brûlée au napalm, qu'un combattant républicain espagnol fauché l'arme à la main désigne l'infâmie infiniment mieux qu'aucun media ne sut jamais le faire ? ...

Olivier MONY